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L'AMAZONE MEDIA

Magazine de promotion du genre au Bénin et en Afrique

ÉCHANGES COMMERCIAUX SINO-BENINOIS Une amitié au service des droits économiques des femmes béninoises 

ÉCHANGES COMMERCIAUX SINO-BENINOIS

 

Une amitié au service des droits économiques des femmes béninoises 

 

Une revendeuse de produits de la Chine à Parakou

 

Depuis 1972, année charnière du redémarrage de la coopération entre la Chine et le Bénin, la République Populaire de la Chine participe à la réalisation des droits économiques des femmes béninoises. C'est à travers les échanges commerciaux entre les deux États rendus effectifs par  différents accords bilatéraux qui se renforcent depuis des années. 

 

Kassim MAMA 

 

Loin des bruits des marchés, au plein cœur de Calavi Tokan et dans l'intimité de sa maison, Sidonie Magbondé, la trentaine, est assise devant un lot d'appareils électroniques et des objets de beauté qu'elle vient de recevoir pour le compte de sa dernière commande de la Chine. Tout en scotchant un échantillon de ses marchandises, elle ne quitte pas des yeux son téléphone portable qui est devenu depuis près de 4 ans son outil de travail. Appel téléphonique avec les clients ou partenaires par-ci, consultation de ses plateformes numériques notamment les réseaux sociaux et de e-commerce par-là. Elle est l'une des centaines de Béninois à se donner à la lucrative activité du e-commerce et prolifique entre le Bénin et la Chine. De l'un de ses appels, on peut se rendre compte qu'elle confirme l'expédition d'un lot de téléphone portable androïdes, des micros cravates et écouteurs. « Si tout va bien, le bus doit être à Parakou au plus tard 14 heures. Vous pouvez aller récupérer votre marchandise ou si vous voulez l'un de nos partenaires peut vous le livrer à domicile. Le colis est composé de portable, de micro-cravate et d'écouteur », explique-t-elle à un client au bout du fil.

Sidonie Magbondé, vendeuse de produits de la Chine à Calavi

 

Sidonie Magbondé a quitté en 2020 son emploi au sein d'une entreprise de BTP pour se spécialiser dans le e-commerce. Depuis ce temps, elle travaille pour son propre compte, importe des produits Made in China. « Je suis dans l'importation des articles électronique comme les micros cravate, les écouteurs, les casques, les téléphones portables, les chaussures de femmes et hommes, les Moulinex », confie l'habitante de Calavi. Elle ajoute, « Je suis en train de tout gagner avec la Chine que je ne connaissais que grâce à des films d'action comme ceux de Jacky Chan et Jet Lee. Mais, ma vie a pris une vraie tournure quand j'ai rencontré un coach qui m'a appris comment importer de la Chine à travers la plateforme Alibaba. Quand je travaillais dans la construction d'une cité, ici à Calavi, c'est difficilement que j'ai pu économiser 30 000f Cfa pour une formation. Aujourd'hui, je peux me dire que je suis très riche comparativement à mes amis qui sont restés au sein de mon ancienne entreprise ». Son business, selon elle lui rapporte près des centaines de milliers de nos francs. Notons que les importations du Bénin font  14,2% de la valeur totale des importations du Bénin depuis la Chine et  touchent les secteurs comme le textile, l'automobile, l’électronique, pour une valeur estimée à plus de 329 milliards de francs CFA en 2022 selon les calculs de l'Institut national des statistiques et de la démographie rendus publics le 12 janvier 2024. 

 

Sidonie Magbonde est l'un des cas illustratif des bénéficiaires collatéraux de la coopération sino-béninoise. Tout comme elle, les échanges commerciaux entre le Bénin et la Chine impactent positivement les conditions de milliers de femmes au Bénin comme le confirme Christine Agossou, une revendeuse des brûleurs pour cuisinières, des tapis pour chambre et voiture, des déodorants, des balais à perche estampillés "Made in China" ou "Made in Popular Republic of China" à Parakou. Elle confie, « depuis que j'ai commencé ce commerce, je vois un changement positif dans ma vie et dans mon foyer car cela me permet d'aider d'une manière ou d'une autre mon mari dans la gestion du loyer. Je peux aujourd'hui acheter ce que je veux et aussi assurer les petits besoins de mes enfants. Cela me permet également de donner un coup de main à mon mari ». 

 

L'épanouissement économique et social tout le long de la chaîne d'importation et d'exportation
 
Sidonie Magbondé, l'e-commerçante de Calavi Tokan est en effet un maillon intermédiaire de la chaîne de l'importation. « Au début de la chaîne, nous avons l'industriel chinois qui vend ses produits en direction du pays, généralement un grossiste qui se charge de le mettre à la disposition d'autres grossistes ou semi grossistes ou même à des détaillants », explique Aboubacar Yérima, économiste et consultant dans l'import. Il ajoute que c'est au dernier niveau de la chaîne que le nombre de femmes est important. Il s'agit selon lui de détaillants qui sont généralement des femmes qu'on retrouve dans les marchés ou qui déambulent d'une maison à une autre à la recherche de potentiels clients. Ces dernières, à travers leur petit commerce réussissent à obtenir une indépendance financière vis-à-vis des hommes qui ont, généralement et malheureusement, le monopole du pouvoir économique, à en croire Stéphane Yarou, enseignant de droit à l'université de Parakou. « Les droits économiques, sociaux, culturels sont intimement liés, d'ailleurs tous les droits de l'homme sont interdépendants, aux droits d'accès à l'emploi, à un travail décent. Quand une femme arrive à se faire quelque sous à travers sa petite activité elle ne peut que sortir gagnante », précise le théoricien de droit à l'université de Parakou avant de conclure, « les droits économiques et sociaux que des citoyens peuvent obtenir à travers la coopération entre les États ne sont pas certes les objectifs premiers d'une relation entre les États mais cela entre, bien sûr, en ligne de mire lors des négociations et élaborations des accords entre pays ». Une assertion qui sera démontrée avec une autre revendeuse de la cité des Koburu.

 

Des femmes achetant des produits tropicaux à N'Dali

 

Parakou, Carrefour des trois banques. Edouasie Toassegnitche demande à des passants de venir prendre contact avec ses produits essentiellement venus de la Chine. Femme au foyer et mère de quatre enfants, elle se donne à la vente de ces produits communément appelés produits chinois. Elle explique, « quand j'ai commencé la vente de ces produits, je me rendais au niveau d'une entreprise le matin ; et le soir, j'y retourne pour faire le point de ma journée où je reçois les commissions de ce que j'ai vendu. C'est grâce à ça que je me suis fait un peu d'argent pour mettre sur pied mon propre commerce ». Selon elle, son entreprise lui permet d'assister son mari en ce qui concerne les charges familiales ; ce qui lui permet d'obtenir plus de considération de la part des membres de sa belle-famille. Allant dans ce sens, Sidonie Magbonde confie qu'elle connaît de nombreuses femmes à qui elle livre de la marchandise et qui se chargent de la revendre en détail au consommateur tout en se faisant des profits qui leur procurent de la joie. « Toutes ses femmes que j'ai aidé à se lancer dans l'importation sont aussi heureuse dans leurs foyers respectifs comme moi. Elles sont capables aujourd'hui de faire sortir 1.000 FCFA quand le mari donne 10.000 FCFA, elles sont capables aujourd'hui de payer la scolarité de leurs enfants à l'absence de leurs maris », affirme-t-elle.
 


Ainsi, de nombreuses femmes obtiennent une autonomie financière, arrivent à assurer l'éducation de leurs enfants et assurent, au besoin, les charges liées aux soins de santé de leur famille grâce aux importations béninoise depuis la Chine, fruits de la coopération sino-béninoise.

 

Cependant, ce ne sont pas uniquement les importations du Bénin depuis la Chine qui font la joie des femmes au Bénin. Il y a aussi des exportations. En effet et à titre illustratif, en septembre 2019, la Chine et le Bénin ont signé un protocole relatif à l'exportation du soja béninois vers la Chine. Et selon Xinhua French, l'une des deux plus grandes et la plus ancienne agence de presse chinoise, en juillet 2020, le premier lot de soja béninois est arrivé à un port de la province chinoise du Jiangsu (est). En 2022, le Bénin a exporté plus de 210.000 tonnes de soja vers la Chine, soit plus de 60% sur son exportation totale. Selon les explications de Aboubacar Yérima l'économiste et consultant en import et export, ce sont les femmes qui se trouvent, cette fois, au début de la chaîne de l'exportation. « Des intermédiaires qui traitent directement ou indirectement avec les chinois, utilisent les femmes, le plus souvent, pour l'achat des produits tropicaux comme le soja, le cajou au niveau des petits producteurs contre commission », explique-t-il. Une activité qui participe tout comme les importations à l'acquisition des droits économiques, sociaux et culturels par des femmes.

 

C'est pendant l'animation d'un marché qui s'anime de façon hebdomadaire dans la commune de N'dali et plus précisément le marché du village de Boko que de nombreuses femmes, acheteuses de produits tropicaux destinés à l'exportation confirment ces observations. Fouléra Soulé, l'une de ses femmes confie que son mari fut d'abord responsable d'une Coopérative Villageoise des Producteurs de Coton (Cvpc) et grand producteur du Coton.  À cette période, selon elle, la vie était rose. Mais, la crise dans le secteur de coton au milieu de la première décennie du vingtième siècle a provoqué une chute des affaires de son mari. Ce dernier, pour s'occuper de sa famille, s'est donné à différentes activités sans succès. Cependant, les conditions de vie de sa petite famille s'est améliorée lorsqu'elle est devenue un agent de terrain d'un employé qui travaille pour le compte des chinois dans l'achat des produits tropicaux. « Quand j'ai commencé ce travail, j'arrive à payer la scolarité des enfants, payer les frais de soins quand les enfants tombent malades et j'ai même pu envoyer l'une des filles en mariage avec toutes les commodités en matière de dépenses pour ces genres d'événements qui sont extrêmement budgétivores dans notre milieu », témoigne-t-elle.

 

Ainsi, les importations et exportations du Bénin en Chine qui sont rendus possibles depuis 52 ans grâce à la coopération sino-béninoise assurent l'accès aux droits économiques, sociaux et culturels des femmes au Bénin. Rappelons que la coopération sino-béninoise s’est renforcée par plusieurs accords bilatéraux dont les derniers en date ont eu lieu entre le 31 août et le 3 septembre 2024 lors de la visite du président béninois, Patrice Talon, en Chine. Ce qui rend effectif des droits économiques et sociaux des femmes à près de 10 500 kilomètres du territoire de l'Empire Céleste tout au long de la chaîne d'exportation et d'importation au Bénin.

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