EDITORIAL Le sexuellement correct à la barre !

EDITORIAL

Le sexuellement correct à la barre !    

Le scandale politico-sexuel qui éclabousse actuellement la Guinée équatoriale devrait amener les couples à prendre conscience de l'importance du sexe et surtout de la nécessité d’une bonne communication sur la sexualité dans leur rapport. En effet, la célèbre affaire dite Balthazar devrait avoir un avant et un après même au-delà des frontières de la Guinée équatoriale. Des personnalités comme Philippe Noudjènoumè et Nazaire Tama et même des citoyens lambda reconnaissent qu'il y a des Balthazar un peu partout dans les administrations publiques. Les frontières des Balthazar vont donc au-delà des frontières de la Guinée équatoriale. C'est une réalité qu'on observe et qu'on refuse de voir de peur qu'on ne soit étiqueté par la société.

 Le sujet est tabou. On parle de sexe ! Mais devrait-on se taire face à un mal qui, lorsqu'il est mal pansé et traité comme tel, a des effets désastreux pour des familles, l'éducation des enfants, l'image des ascendants et descendants des personnes impliquées ? Loin de chercher à justifier l'ignoble attitude de Monsieur Ebang Engonga de la Guinée équatoriale et ces nombreuses femmes, ce sont les déclarations de celui-ci qui interpellent. Dans un audio qui lui ait attribué, l'homme se défend en soutenant qu'il tente « d'aider ses femmes » à avoir ce que leurs maris n'arrivent pas à leur donner. Ce qui ne manque pas de pertinence lorsque on essaie d'analyser les profils des femmes avec lesquels il a eu à tourner ses films. Elles sont toutes financièrement et économiquement stables même si l'homme confesse également leur avoir donné de l'argent aussi.

Ainsi, les femmes de façon générale et particulièrement celles qui ont eu à bénéficier des « services » du sieur Balthazar sont qualifiées, insultées à la limite d'infidèles par nature alors que l'ex Dg de l'Agence Nationale de l'Inspection Financière de la Guinée Equatoriale est loué pour sa virilité et qualifié d'une véritable épée comme pourrait en rêver toute femme ! Mais, ce qui amène chacun de nous à jeter la pierre sur ces dames de la forfaiture de Balthazar est ce qu’on oublie dans cette affaire : l'éducation que reçoivent les filles en matière de sexualité dans les familles africaines qui sont généralement conservatrices. La chasteté occupe une place prépondérante dans cette éducation. La chasteté, en soi, n'est pas un mal. C'est même une valeur qu'il faut perpétuer pour que le continent ne tombe dans des travers. Mais, elle bloque l'expression d’une envie d'assouvissement sexuel pour une femme même à l'endroit de son propre mari. L'une des finalités de l'excision encore pratiquer dans quelques coins de l’Afrique et qui consisterait à limiter la libido des femmes, en dit long. 

La femme africaine n'a presque pas le droit d'exprimer ses désirs ou insatisfaction sexuels à son mari. C'est l'attitude du sexuellement correct. À l'image du politiquement correct, le sexuellement correct manque de franchise entre époux au niveau de la sexualité. Les femmes qui sont généralement les victimes de l'insatisfaction sexuelle n'osent pas en parler dans le but de ne pas paraître comme une « pute ». Et c'est un Balthazar du coin ou du lieu de travail qui assure. Ainsi, il faut commencer par une remise en cause de ce sexuellement correct afin d'amorcer des discussions avec son mari sur la question de l'épanouissement sexuel.

Kassim MAMA