ÉDITORIAL L'injuste oubli de la reine Hangbé du Danxomè !

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L'injuste oubli de la reine Hangbé du Danxomè !

La glorieuse histoire du royaume du Danxomè est intimement liée au génie de ceux qui ont eu à conduire la destinée de ce royaume du Golfe de Guinée dont la capitale est la ville d'Abomey, actuel Chef lieu du département du Zou. De Houégbadja (1645-1689) qui selon le dictionnaire d'Histoire et Civilisation Africaine de Bernard Nantet a établi sa suprématie sur les Fon-Adja, en fondant Abomey, jusqu'à Kondo plus connu sous le nom de Béhanzin ou Gbéhanzin (1844-1906), les éloges ne manquent pas pour reconnaître la grandeur de ces hommes qui ont eu à écrire, parfois «au prix du sang », la glorieuse Histoire de Danxomè.  

Les Béninois, même ceux qui ont à peine un niveau d'instruction de l'école élémentaire sont familiarisés aux noms de Houégbadja comme étant fondateur du royaume d'Abomey, Akaba comme un grand conquérant, Agadja qui commerça le premier avec les Européens, Ghézo (1818-1858) comme le grand réformateur de l'économie avec l'introduction de la culture du palmier à huile, Glèlè (1858-1889) qui a eu le mérite de résister aux prétentions des puissances européennes qui avaient pris la place des marchands et surtout Béhanzin qui le succéda. Ce dernier est connu comme un grand résistant face à la pénétration des impérialistes européens.

Chaque souverain a eu un acte de génie qui le place au firmament de la gloire et du cime des œuvres de l'intelligence humaine. Cela en soi, n'est pas un mal ! La biographie de ces hommes mérite qu'elle soit même enseignée en lieu et place de certains événements historiques encore enseignés dans les collèges et lycées du Bénin. Ce sont des exemples auxquels n'importe quel Béninois peut s'identifier et mimer dans les actes pour le bien de la nation. Le mal qui mérite dénonciation ici, c'est le fait de ne pas donner la même reconnaissance à une femme qui a aussi régné sur le même royaume et a même produit des actes aussi valeureux, voire plus admirables, que les autres rois par le simple fait de son sexe.

Il s'agit de la reine Hangbé, fille de Houégbadja et sœur jumelle du roi Akaba. Elle régna pendant trois ans, de 1708 à 1711, après le décès de son frère. C'est elle qui créa le célèbre corps des Amazones avant que Ghézo ne réorganise ce contingent des braves et féroces soldats qui font aujourd'hui la fierté de tous les «Danxomènou». La reine Hangbé n'a guère tenu compte de son statut de femme pour poursuivre les guerres de conquête entreprise par son frère et défendre le royaume par son intelligence. Pourtant, la dynastie royale l'a contrainte à abdiquer à cause de son sexe. Mauvais présage de son injuste oubli dont elle sera victime des dizaines d'années plus tard après son règne. Il n'est pas encore trop tard pour reconnaître le talent et le génie de cette reine car, il lui a fallu seulement trois ans pour impacter très longtemps le Devenir des descendants du Danxomè.

Kassim MAMA